Culture : Renée Vivien - la deuxième guerre mondiale - Michèle Causse

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Les lesbiennes dans la tourmente de la deuxième guerre mondiale

Ève PASCAL
Source : www.coordinationlesbienne.org

 

I - Mouvements féministes et construction de l’identité lesbienne 1870-1939

II - Les lesbiennes dans la tourmente de la deuxième guerre mondiale

 

Préface

Pourquoi ce document, pourquoi ces recherches, pourquoi après tant d’années en parler encore ?
Je suis née en 1939 et ce passé me bouleverse toujours, je le porte dans mon cœur et il ne cesse de m’interroger.
Il y a des silences que je trouve d’une grande violence au sujet des lesbiennes victimes, au même titre que toutes les victimes, de cette période de barbarie extrême.
J’ai découvert très tôt les premiers documents, les premières photographies des camps nazis, et entendu des récits effroyables. J’ai vu des déportés revenir dans un état physique et moral indicible. L’horreur du fascisme, du nazisme, et de ce que furent les camps de concentration, m’a été inculquée très fortement par ma famille, de même que l’attachement à la démocratie et le rejet de toutes formes de dictatures, politiques ou religieuses.
Au lycée, j’ai eu la chance d’avoir une femme professeur d’histoire extraordinaire et, plus tard ayant choisi le domaine artistique pour ma vie professionnelle, j’ai bénéficié de très bons enseignants en Histoire de l’Art et en Histoire des Civilisations.
Ma première découverte concernant les différences de points de vue historiques s’est faite en lisant les chapitres sur la Révolution Française dans deux livres, l’un était utilisé dans une école religieuse et l’autre au lycée laïque ; certes le sujet était le même, mais il était relaté et analysé de manière fort différente. Cette constatation fut pour moi importante, de même que la découverte de Fernand Braudel et de sa conception de "l’Histoire sur la longue durée".
La rencontre avec une lesbienne qui fut déportée à Ravensbrück m’a particulièrement marquée.
À l’époque, j’étais trop jeune et trop intimidée pour me permettre de l’interroger, aujourd’hui je serais en mesure de poser les bonnes questions.
Lesbienne féministe, je m’intéresse particulièrement à l’histoire des femmes, et ce à toutes les époques et dans toutes les civilisations.
Ayant lu beaucoup de livres, d’articles et d’études sur la deuxième guerre mondiale, je me suis demandé pourquoi il n’y avait rien ou si peu de textes à propos des lesbiennes.
Heureusement, depuis quelques années il y a des historiennes féministes. Elles ont fait des recherches et ont écrit sur les lesbiennes combattantes, résistantes et déportées.
Mais il existe toujours un déficit dans le continuum de notre histoire et des preuves à trouver.
Il est nécessaire non seulement de continuer à chercher, mais également de mettre d’avantage en lumière ce que nous savons. Il serait bon de constituer un réseau d’enquête très large au niveau de la France et de l’Europe pour fouiller dans les archives, questionner les institutions et les familles.
L’Histoire n’est pas figée dans une seule vérité intangible, elle est sans cesse à revisiter, à repenser. L’Histoire des femmes est à réécrire, car elle est en très grande partie rédigée dans un esprit partisan et patriarcal. Si, depuis quelques décennies, des historiennes nous en donnent une lecture plus juste, le travail d’investigation qui concerne la place des femmes, et en particulier des lesbiennes, est loin d’être terminé.
Pour nos compagnes, pour que leur souvenir ne disparaisse pas, je demande à toutes personnes détentrices de renseignements concernant les lesbiennes dans l’Armée, la Résistance et celles qui furent déportées, de me les communiquer. Toutes les bonnes volontés seront les bienvenues pour enquêter dans les familles, chercher dans les archives, rencontrer des personnes possédant des documents et participer ainsi à ce travail de mémoire.

Espérons l’impossible car c’est peut-être une bassesse que de mettre ses espoirs en lieu sûr. (Nathalie Clifford Barney)

Introduction

En préambule, je me dois de préciser, que toutes les victimes de la barbarie nazie sont à déplorer, quelles qu’elles soient. Parler d’une seule catégorie n’exclut pas les autres. Il n’est nullement question d’un jugement de valeur dans mon propos.
Explorer une partie de l’histoire des femmes homosexuelles est un choix, car à ce jour son écriture n’est pas achevée, et en particulier en ce qui concerne la période de la deuxième guerre mondiale.
L’histoire sociale des lesbiennes, de leurs premières visibilités, revendications et manifestations publiques étant indissociables des mouvements féministes, il me paraît utile de résumer l’évolution et la place des lesbiennes dans ce parcours. De même, pour mieux comprendre les théories et les actions générées par le nazisme, il est nécessaire de rappeler les courants de pensées politiques et sociales des années qui ont précédé son avènement.
La période prise en compte dans le premier chapitre va du début de la Troisième République à 1939. Le deuxième chapitre concerne les lesbiennes dans la tourmente de la deuxième guerre mondiale, leurs engagements dans l’Armée, la Résistance et leur déportation.
Ce second chapitre pose d’énormes problèmes. Il comporte trop de ’’blancs’’, trop de non-dits, de silences et d’omissions, volontaires ou non.
Il est bien certain que le patriarcat misogyne remonte très très loin dans le temps, mais la pensée contemporaine qui se nourrit du passé, crée ses propres concepts anti homosexuels et lesbophobes ; c’est une des raisons, et pas des moindres, de cette occultation mémorielle.
Si l’Histoire des femmes est en réécriture depuis quelques décennies, celle des lesbiennes l’est également. Il me paraît inconcevable que nous ne puissions pas continuer à faire des recherches concernant cette période tragique de 39/45, d’autant que les archives sont maintenant disponibles.

Les femmes ont raison de se rebeller contre les lois parce que nous les avons faites sans elles. (Montaigne)

Troisième République (1870-1914)

La troisième République se caractérise par la constitution d’organisations féministes, réformistes, structurées et plus durables.
Marie Deraimes et Léon Richier fondent le 16 avril 1870 "L’association pour le droit des femmes", présidée par Victor Hugo. Le premier groupe suffragiste est créé en 1876 par Hubertine Auclert, la première activiste à utiliser le mot féministe. Marguerite Durant fonde le journal "La Fronde", premier quotidien entièrement rédigé, imprimé et vendu par des femmes. Il disparaît en 1905.
En 1884, on compte environ une soixantaine d’associations féminines dont la plupart sont de gauche. Si quelques hommes dont Jean Jaurès sont favorables à leurs revendications, le droit de vote ne leur est toujours pas accordé.
Une première manifestation pour le suffrage féminin a lieu le 3 mai 1908.
Le 5 juillet 1914, Louise Somauneau et un groupe de femmes socialistes organisent une grande manifestation ; 6 000 femmes y participent : première affirmation de cette envergure dans la rue, qui devient la première "Journée des Femmes en France".
En Angleterre, Millicent Fawcett fonde l’Union Nationale pour le suffrage des femmes "National Union of Women’s" et en 1903, Emmeline Pankhurst fonde la "Women’s Social and Political Union"plus connue sous la dénomination de "Suffragettes".
L’action militante de ces femmes est basée sur la provocation et les actions d’éclat. Elles défilent en criant des slogans, perturbent les réunions politiques, incendient des lieux symboles de la suprématie masculine. Beaucoup sont arrêtées et, plutôt que de payer une amende, elles font la grève de la faim en prison, mettant leur vie en danger. Les suffragettes ont, en la personne d’Emily Davidson, ce qu’elles considèrent comme leur première martyre. Le 4 juin 1913, au derby d’Epson, en tentant d’arrêter un cheval appartenant au roi Georges V, elle est grièvement blessée et meurt quatre jours plus tard à l’hôpital sans avoir repris connaissance.
En France comme en Angleterre, les lesbiennes ne s’affirment pas encore dans des revendications spécifiques, comme elles le feront dans les années 1920 à 1930.
La question de la sexualité se pose, surtout sur la place de la féminité dans la société et ce qu’elle représente par rapport aux hommes dans la sphère publique et privée ; elle ne se pense pas en termes de libération des mœurs. Si quelques féministes de cette époque prônent et choisissent le célibat, c’est dans la volonté de ne pas être inféodées aux hommes et d’assumer pleinement leur liberté ; mais les lesbiennes ne se révèlent pas dans les mouvements collectifs.
Seules, quelques grandes égéries brisent le silence et sont les porte-parole de la pensée saphique. Issues de milieux aisés, elles sont artistes, écrivains, poètes, danseuses, actrices, et n’hésitent pas à afficher leurs relations et à célébrer Sapho.
Le 4 août 1914, le gouvernement français décrète la mobilisation générale, la guerre éclate en Europe et, par le jeu des alliances entre les états, devient mondiale, ce qui va changer le destin des femmes et la visibilité des lesbiennes.

Première Guerre Mondiale

Avec la première guerre mondiale, les femmes font leurs premiers pas sur la voie de l’émancipation. Les efforts requis par la guerre totale, l’absence des hommes mobilisés sur le front, les conduisent à les remplacer à l’usine, à diriger des entreprises, des commerces et des exploitations agricoles. Elles distribuent le courrier, s’occupent des tâches administratives et conduisent les véhicules de transport.
Le 7 août 1914, le Président du Conseil, Viviani, lance un appel à toutes les Françaises ; en premier ce sont les paysannes, puis en 1915 ce sont les ouvrières.
Ce qui est nouveau, c’est l’embauche dans les usines d’armement, dont les ouvrières sont désignées sous le nom de "munitionnettes". Travail épuisant dont la journaliste féministe et libertaire Marcelle Capy rend compte dans un article du journal "La voix des femmes" ; elle observe le poste de travail d’une ouvrière : "Chaque obus pèse sept kilos, 2 500 obus passent entre ses mains en 11 heures. Comme elle soulève deux fois chaque engin, elle soupèse en un jour 35 000 kilos. Elle est à la "cloche" depuis un an, 900 000 obus sont passés entre ses doigts, elle a donc soulevé sept millions de kilos." Et pourtant ces héroïnes du quotidien sont moins payées que les hommes.
Beaucoup de jeunes femmes s’engagent comme ambulancières et comme infirmières, assistant les médecins qui opèrent sur le champ de bataille. Leur conduite sur le front est héroïque.
Si les auxiliaires médicales sont nombreuses, par contre il n’y a qu’une femme médecin dans l’Armée française, Nicole Mangin (1878-1919). Malgré la misogynie de l’époque, elle est admise à la faculté de médecine de Paris. C’est une féministe qui, par sa volonté, s’impose dans un métier particulièrement fermé aux femmes. La guerre la projette au premier plan dans l’enfer de Verdun. Elle sert dans divers hôpitaux et elle pratique la chirurgie sur les soldats français blessés au combat. En octobre 1916, le commandement lui confie la direction de l’hôpital Édith Cavell pour infirmières à Paris et la nomme médecin capitaine. Elle travaille dans cet hôpital jusqu’en mai 1919. Démobilisée à l’issue de la guerre, elle décède le 6 juin 1919 en absorbant une dose létale de médicaments.
Combien de lesbiennes ont participé à la lutte en France et dans les pays alliés, nul ne peut le savoir. Néanmoins quelques personnalités lesbiennes nous sont connues, en voici quelques-unes.
Suzie Solidor (1900-1983) passe son permis en 1917, fait rarissime pour une femme à l’époque, ce qui lui permet de conduire des ambulances vers la fin de la guerre.
Dorothy Arzner (U.S.A. 1897-1972), célèbre réalisatrice, scénariste, productrice et pédagogue.
Lorsque les États-Unis rentrent en guerre en 1917, n’ayant pu réaliser son ambition de servir son pays en tant que militaire, car il n’y a aucune unité de femmes dans les forces armées à cette époque, Dorothy s’engage comme conductrice d’ambulance. Après la guerre, elle intègre le milieu du cinéma et s’impose dans ce monde masculin sans jamais cacher son homosexualité.
Un couple de lesbiennes anglaises, engagées toutes les deux dans le mouvement des Suffragettes : Vera Louise Holme (1881-1969) et Evelina Haverfield (1867-1920). C’est à la WSPU "Women’s Social et Politique Union", en 1910, qu’elles se rencontrent ; dès lors elles ne se quittent plus.
Toutes deux s’engagent dès le début de la guerre de 1914 et intègrent la "Women’s Volonteer Reserve". Vera obtient le grade de major. Elle est dans l’unité mobile de l’Hôpital des Femmes d’Écosse que dirige Evelina. Elle s’occupe des chevaux puis devient mécanicienne quand l’unité se motorise. Elle suit Vera, qui est devenue administratrice d’un hôpital en Serbie, dans une région où les combats font rage.
Evelina est faite prisonnière entre octobre et novembre 1915, rapatriée par la Croix Rouge au printemps 1916 ; elle repart dès le mois d’août pour la Roumanie, puis pour la Serbie.
En octobre 1917, Vera apporte à son gouvernement des informations importantes concernant l’Armée serbe sur le front roumain. Vera devient une héroïne nationale.
Jusqu’à l’Armistice (11 novembre 1918), les deux femmes vivent à Édimbourg.
Vera reprend sa carrière d’artiste, mais avec sa compagne elles ne supportent pas la vie qu’elles ont en Angleterre où les femmes doivent à nouveau se conformer à une vie sociale étroite et convenue.
Elles repartent en Serbie pour y fonder un orphelinat destiné aux enfants victimes de la guerre.
Le 21 mars 1920, Evelina meurt d’une pneumonie en Serbie dans l’orphelinat qu’elle vient de fonder. Les Serbes l’honorent de leur plus prestigieuse décoration "L’Ordre de l’Aigle Blanc" et élèvent une stèle à sa mémoire.
Vera retourne en Angleterre où elle vit avec d’anciennes compagnes de lutte et fréquente le milieu artistique, dont le Barn Théâtre dirigé par Edith Craig, lesbienne activiste, comédienne avant-gardiste, metteur en scène, créatrice de costumes et pionnière des suffragettes.
La pugnacité des mouvements féministes anglais a beaucoup contribué à l’émancipation des femmes. Elles obtiennent le droit de vote à partir de l’âge de 30 ans, en 1918 (pour les hommes l’âge est de 21 ans), l’égalité du droit de vote à 21 ans, en 1928.
En France, après l’Armistice, les femmes qui ont connu l’indépendance et se sont affranchies de leur rôle subalterne ont du mal à réintégrer le carcan social.
Si on reconnaît aux veuves, le 3 juin 1915, l’autorité paternelle en l’absence de celui-ci, le mari reprend son autorité à son retour de guerre. Cette indépendance cause quelques problèmes au retour des chefs de famille et l’après-guerre voit le pourcentage de divorces augmenter.
Bien que leur participation aux efforts de guerre soit très importante, les femmes n’ont toujours pas le droit de voter. Vingt et un pays avant la France leur accordent ce droit avant 1944, date à laquelle les Françaises l’obtiennent enfin.
Malgré ce retard dans l’avancée de la démocratie, la guerre a changé la société et les mouvements féministes continuent leur lutte. Les lesbiennes commencent tout doucement à être plus visibles dans les années d’après-guerre, que l’on nomme "Les années folles".

Années Folles (1920-1929)

Pendant la première guerre mondiale, toutes les femmes se mettent au travail pour remplacer les hommes partis au front. Nombre d’entre elles doivent continuer à s’assumer seules, car beaucoup d’hommes ne reviennent pas de la guerre.
Pour de nombreuses femmes, c’est la découverte de l’indépendance, la prise de conscience de leurs capacités et de leur épanouissement. C’est le début d’un mouvement d’émancipation irréversible, l’apparition de la femme moderne.
Elles se rebellent contre les traditions rigides du passé, elles décident d’afficher leur sexualité, elles osent porter le pantalon, elles osent être sportives, elles osent fumer, conduire des voitures et surtout, elles osent se faire couper les cheveux ; la "garçonne" est née.
"La garçonne" est également le titre d’un roman de Victor Margueritte publié en 1922, qui fit scandale. Pour la première fois dans un roman à tendance féministe, l’héroïne a une aventure homosexuelle. Révéler qu’une femme a le pouvoir de donner à une autre femme la jouissance, que l’homme s’est toujours cru seul capable de lui donner, c’est surtout cela qui n’est pas supportable ; à tel point que l’auteur se voit retirer sa Légion d’Honneur.
Les garçonnes viennent de tous les milieux, sauf des milieux catholiques et conservateurs, et du milieu rural qui garde encore ses coutumes et ses costumes régionaux.
La France est en déficit démographique suite à la guerre de 14/18. Le mariage et la maternité restent des buts prioritaires. La propagande anticonceptionnelle et la provocation à l’avortement sont interdites, et l’avortement considéré comme un crime est passible de la Cour d’Assises.
Les femmes célibataires ne sont pas bien vues et certaines homosexuelles se marient pour donner le change.
Les lesbiennes, pionnières courageuses, font face à la lesbophobie ; si elles portent le pantalon, certaines vont plus loin et s’habillent avec veston et cravate. En adoptant l’habit masculin, elles sont les précurseurs de la libération de la femme et s’affranchissent des stéréotypes vestimentaires imposés par la société patriarcale ; on pourrait dire même qu’elles brouillent les genres.
Elles fréquentent de nombreux lieux emblématiques : "Le Monocle", célèbre club lesbien et le bal du "Ritz", où Suzy Solidor interprète ses chansons célébrant l’amour lesbien.
De 1890 à 1930, Nathalie Clifford Barney tient un salon hebdomadaire à Paris, où des célébrités du monde des arts sont invitées pour discuter de sujets lesbiens. Parmi elles, Romaine Brooks, Colette, Djuna Barnes, Gertrude Stein, ainsi que la romancière Radclyffe Hall, auteur du premier roman lesbien "Le puits de solitude".
Quelques dates importantes pour l’émancipation des femmes : 1919, accès aux universités ; 1920, équivalence entre bacs féminin et masculin ; 1924, programmes identiques filles et garçons dans l’enseignement secondaire ; 1925, création de l’école polytechnique féminine.
Le Krach de Wall Street, en 1929, annonce la fin de cette période d’insouciance. Les années qui viennent s’annoncent difficiles économiquement et, comme toujours, les femmes en subissent les conséquences sur le plan économique et social.

République de Weimar

Comme en France, les femmes en Allemagne participent aux efforts de guerre en occupant une grande variété d’emplois laissés vacants par les hommes. Après l’abdication de l’empereur Guillaume II, le gouvernement intérimaire leur accorde le droit de vote.
La constitution de Weimar (19 janvier 1919) compte plusieurs femmes députées dans son Assemblée Constituante et proclame leurs droits de vote et d’éligibilité, l’égalité des sexes en matière civique, la non discrimination des fonctionnaires de sexe féminin, la protection de la maternité et l’égalité des époux dans le mariage. Elles sont ainsi les premières femmes d’un grand état européen à obtenir le droit de suffrage.
Plusieurs organisations féminines existent, mais elles sont composées de féministes âgées et assez conservatrices. Un grand nombre de femmes allant jusqu’à la quarantaine et de jeunes filles trouvent ces organisations trop bourgeoises et trop conservatrices.
Au Reichstag, les femmes ne créent pas de groupes de pressions féministes et chacune s’agrège autour des hommes de son parti, défendant la religion pour les catholiques et les conservatrices, et la lutte des classes pour les socialistes et les communistes.
Malgré les avancées du gouvernement, dans le quotidien, la société patriarcale aux vues étroites et sexistes cantonne toujours les femmes dans leur fonction sociale la plus importante d’épouse et de mère au foyer. L’avortement reste passible de poursuites et les ouvrières ne connaissent pas d’égalité dans les salaires. La voix des femmes ne se fait pas entendre.
Néanmoins, à Berlin la vie culturelle et artistique est bouillonnante. La nouvelle génération d’après-guerre, libérée des carcans monarchiques et religieux, aspire à une vie sociale plus libre, les femmes s’émancipent culturellement ; un nouveau monde est en marche.
Le journal lesbien "Die Freundin" commence à paraître en 1924 ; il est étroitement affilié a La Ligue des Droits de l’Homme par le Président du groupe Friedrich Radszuweit qui publie la revue. Les annonces (exclusivement lesbiennes) qui paraissent dans ce célèbre journal les aident à surmonter leur isolement physique et psychologique, problèmes majeurs pour celles qui sont loin des villes. "Le Scorpion" de Anna Elisabeth Weirauch, un des premiers romans lesbiens, est publié entre 1919 et 1921.
L’écrivaine Ruth Margarete Roellig publie en 1928 un guide sur "Les lesbiennes de Berlin", dont le prologue est signé par Magnus Hirschfeld, un des tous premiers sexologues de l’époque et militant de la cause homosexuelle en Allemagne.
À Berlin dans les années 30, les lesbiennes peuvent se retrouver dans de nombreux lieux, clubs privés, cafés et cabarets. Les deux plus célèbres clubs "Le Monbijou de l’Ouest" dirigé par Elsa Conrad, et le "Violetta" dirigé par Lotte Hahm, sont des endroits très raffinés et très fréquentés.
À Zurich, Hambourg, Cologne, Francfort et Breslau, la Ligue des Droits de l’Homme, qui soutient les lesbiennes, encourage les femmes à travers l’Allemagne, l’Autriche et la Suisse, à rejoindre les clubs proches de leurs propres villes et de leurs régions.
Cela contribue à développer la culture lesbienne et le mouvement des droits homosexuels.
Mais hélas, cette période ne va pas durer ; l’arrivée au pouvoir du chancelier Adolf Hitler marque la fin de nombreux droits des femmes et leur retrait de la vie publique.
Les associations féminines, notamment si elles regroupent des communistes ou des socialistes, sont interdites, les adhérentes arrêtées, voire assassinées. Toutes les associations sont priées de renvoyer leurs membres juives.
Ces années d’effervescence vont connaître, dès 1933, la répression nazie. Des rafles ont lieu et peu à peu tous les espaces de rencontre lesbiens sont fermés, la presse lesbienne est interdite de même que les associations, et des listes de lesbiennes sont dressées.
Le Berlin lesbien, c’est fini. La délation, la répression, la prison et les camps des années noires commencent, et un voile d’épais silence s’abat sur les lesbiennes, silence qui n’est pas encore complètement dissipé de nos jours.

Théories nazies

Dès 1928, le parti nazi définit sa position sur l’homosexualité.
Hans Peter Bleuel rapporte dans son livre, "La morale des seigneurs " plusieurs mesures prises par le régime nazi : l’interdiction de toute activité publique de la Fédération des Droits de l’Homme qui est le porte-parole de la minorité homosexuelle et, à l’automne 1934, le fichage systématique des personnes homosexuelles. La voie est ouverte à la dénonciation et à l’arbitraire.
Il est bien certain que toute femme célibataire et indépendante est mal perçue, que les dénonciations sont nombreuses. Les lesbiennes sont évidemment particulièrement visées et en grand danger.
Rudolf Klare, voix officielle du parti nazi pour les affaires homosexuelles, rappelle dans son livre "Droit pénal et homosexualité" : "Les dégénérés doivent être éliminés pour la pureté de la race et je réclame une maison de correction pour les lesbiennes".
Le livre "Hygiène sexuelle" du Dr Max Grüber, voix autorisée du nazisme, est révélateur de la volonté hétérosexuelle du fascisme. Il condamne l’homosexualité, la masturbation, et écrit : "Les rapports prennent place dans le mariage, son but est la procréation des enfants et leur éducation, la croissance de la nation exige du mariage de produire au moins quatre enfants".
41 ’’Centres de Recyclage’’ préparent 215 000 professeurs à l’application de ces théories.
Ainsi sont créés les ’’LEBENSBORN’’, ’’Fontaines de vie’’, véritables haras humains, usines à produire de purs Aryens ; il y en a 13 en 1944. Cette expérience d’eugénisme à si grande échelle est unique dans l’Histoire
Des femmes converties aux idéaux nazis participent à cette entreprise de production humaine et Gertrude Scholsk-Klink (1902-1999), présidente de l’association des femmes ferventes d’Hitler, déclare : "La femme allemande doit être telle qu’elle fait, et fait joyeusement, tout ce qui lui est demandé de faire... Elle doit travailler physiquement et mentalement, elle doit renoncer à la luxure et au plaisir".
Le nazisme se nourrit de diverses théories ésotériques. L’origine et la supériorité d’une race aryenne, dont le peuple germanique est issu, est un concept clé. Cette race supérieure est affaiblie par le métissage ; les untermensch ou races inférieures doivent être éliminées.
L’Ahnenerbe (Institut d’anthropologie raciale), branche scientifique des SS, étudie la conservation de l’héritage ancestral : recherches de preuves de la supériorité aryenne, mais aussi pratiques occultes et expérimentations soi-disant médicales sur les prisonniers(ères).
Hitler affirme la filiation du Troisième Reich à Sparte. Il est vrai que les similitudes sont grandes : éducation sévère des enfants, élimination de ceux présentant tares physiques ou psychiques, exaltation des valeurs viriles (force et beauté du corps), état militaire fortement hiérarchisé, culte du Männerbund (union fraternelle jusqu’à la mort de plusieurs guerriers autour d’un chef), maintien des femmes au foyer. Seule l’homosexualité ne fait pas partie de cet héritage. C’est pourtant un élément important dans la société spartiate où il est recommandé à tout citoyen d’engager des relations pédérastiques.
Entre le mythe de la beauté et de l’amitié virile, plus que suggéré dans l’Art nazi, et l’homophobie, il existe une certaine ambiguïté, mais ce sont les théories nazies qui prévalent en ce qui concerne la race, les religions, la patrie, la politique, les sciences, l’art, l’enseignement et la famille ; tout doit être contrôlé par l’État et tous doivent obéissance au Führer et à ses séides.
Alfred Rosenberg, ministre du Reich, est le principal théoricien nazi ; il développe ses préceptes dans "Le Mythe du vingtième siècle" (1930). Hitler dans son livre "Mein Kampf " (1925) établit ses théories raciales de manière extrêmement précise : suprématie aryenne, éradication des Juifs, des races inférieures, de l’homosexualité, des handicapés physiques ou mentaux, et de tout ce qui peut nuire à la pureté de la race dite supérieure.
De nos jours, l’idéologie d’une suprématie aryenne est encore persistante et bien ancrée dans certaines mentalités. Véhiculés par des extrémistes religieux et politiques, le racisme, le machisme, l’ethnocentrisme, l’homophobie, la lesbophobie sont hélas toujours présents dans notre société.

Front Populaire et Extrême Droite

Quelques faits marquants de 1929 à 1940.
En 1929, la crise économique touche les États-Unis puis l’Europe. Cette crise provoque une forte montée du chômage et des dictatures fascistes en Allemagne et en Italie.
1930 : la sportive Violette Morris perd son procès sur le droit au travesti.
En France, à partir de 1931, le monde agricole et industriel subit une grave crise économique qui concerne toutes les catégories sociales. Les femmes sont particulièrement touchées par le chômage, on leur reproche de prendre le travail des hommes. En cette même année en France, sortie du film "Jeunes filles en uniforme" de l’actrice et réalisatrice germano-autrichienne, Léontine Sagan, d’après la pièce de Christa Winsloe, écrivaine et sculptrice germano-hongroise. Les sous-titres en français sont rédigés par Colette. Adrienne Sahuqué publie "Les dogmes sexuels", ouvrage dans lequel elle aborde, quinze ans avant "Le deuxième sexe" de Simone de Beauvoir, la question des préjugés sexistes sur les femmes.
Le 21 janvier 1932, la loi sur les allocations familiales est adoptée.
Si la Chambre adopte le suffrage des femmes le 31 mars, le Sénat refuse une fois de plus de se prononcer.
Colette publie "Le pur et l’impur". Suzy Solidor ouvre son cabaret lesbien rue Sainte-Anne "La vie parisienne".
1933 : les catholiques sociaux en congrès réclament le retour de la femme au foyer. Les groupes féministes de l’enseignement laïque cessent leurs activités.
Madeleine Pelletier publie "La femme vierge".
Louise Weiss en 1934 fonde "La Femme nouvelle", association pour l’égalité des droits civiques ; elle multiplie pendant deux ans des actions de revendication spectaculaires.
L’attrait des conceptions de modèles de société antinomiques accentue les divisions politiques entre l’extrême droite et la gauche socialiste et communiste.
Les émeutes du 6 février 1934, provoquées par des associations d’extrême droite, sont ressenties comme une menace fasciste par les partis de gauche qui se mobilisent. C’est la naissance du "Comité de Vigilance" des intellectuels antifascistes et d’une prise de conscience républicaine qui mène à la victoire le "Front populaire". Les accords de Matignon consentent une hausse des salaires et la reconnaissance des droits syndicaux, mais entérinent l’infériorité des salaires des femmes.
La semaine des quarante heures et deux semaines de congés payés sont instaurées.
En 1935, Madeleine Pelletier publie "La rationalisation sexuelle".
La campagne contre le travail des femmes s’intensifie et les syndicalistes ripostent vigoureusement.
Dans toute la France les femmes participent activement à la grève générale avec occupation d’usines en mai et juin 1936. En juin, cette même année, Léon Blum nomme trois femmes Sous-Secrétaire d’État, alors qu’elles ne sont, comme toutes les femmes de leur temps, ni électrices ni éligibles. Il faut préciser qu’elles ne prennent jamais la parole dans l’hémicycle du Palais Bourbon au cours de leur mandat.
La guerre civile en Espagne éclate le 18 juillet 1936, pomme de discorde en France entre les pacifistes et ceux qui veulent intervenir. En réaction au premier conflit mondial, l’entre-deux guerres voit l’éclosion de nombreux mouvements pacifistes dans toutes les catégories de la population.
Les féministes se scindent en deux groupes de pensées, celles qui font de la lutte contre la guerre et de la lutte féministe un seul et même combat contre la société patriarcale, et celles qui ne veulent pas être assimilées à l’image de la femme mère et au discours sur leur rôle traditionnel.
La Chambre des Députés se prononce pour la sixième fois pour le vote des femmes. Le Gouvernement s’abstient et le Sénat n’inscrit pas ce texte à son ordre du jour.
Le premier bar lesbien américain "Mona’s" s’ouvre à San Francisco en 1936. À Paris, ouverture de "Chez Moune" à Pigalle.
Après la démission du premier gouvernement Blum en juin 1937, il n’y a plus de femmes dans aucun gouvernement.
Il faut attendre l’aube de la IVe République pour revoir une femme ministre, le 24 juin 1946. Le 16 décembre 1946, Andrée Vienot est la première de notre Histoire parlementaire à prendre la parole au Palais Bourbon. Elle est précédée par Rose Guérin, députée communiste de Paris, qui présente et défend un projet de budget le 11 décembre 1945.
Le 5 décembre 1938, la puissance maritale est supprimée : l’épouse n’est plus tenue au devoir d’obéissance à son mari. Il subsiste pour le mari la fixation du lieu de résidence, la possibilité de s’opposer à l’exercice d’une profession et l’exercice de l’autorité paternelle.
L’incapacité juridique de la femme mariée est supprimée ; elle peut avoir une carte d’identité et un passeport, et elle peut s’inscrire à l’université sans l’autorisation du mari.
Création d’une prime encourageant le retour des femmes au foyer... il ne faut quand même pas qu’elles prennent la place des hommes, surtout lorsque le chômage sévit.
Jane Stick ouvre son cabaret lesbien "Chez Jane", rue de Ponthieu. Frédé, une garçonne en smoking, dirige "La Silhouette Confidence", rue Notre-Dame de Lorrette.
Le 3 septembre 1939, suite à l’agression de la Pologne, la Grande-Bretagne puis la France déclarent la guerre à l’Allemagne. Les congrès pour le suffrage des femmes s’arrêtent. Des brigades policières sont chargées de traquer les "faiseuses d’anges".
Le 10 mai 1940, c’est l’invasion allemande. Le 10 juin, Mussolini déclare la guerre à la France. Le 14 juin, les Allemands rentrent dans Paris.
Le 10 juillet 1940, l’Assemblée Nationale donne les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain alors Président du Conseil, lui ouvrant ainsi la voie pour mettre en œuvre sa "Révolution Nationale" : travail, famille, patrie, et collaboration avec le Reich. La troisième République cède la place au régime de Vichy, qui durera quatre ans.
L’Armistice est signé le 22 juin entre le Troisième Reich et le gouvernement de Pétain. La France est divisée en deux par la ligne de démarcation, qui définit une zone libre et une zone occupée.
Le 25 juin, l’Exode commence, six millions de Français sont sur les routes.

Collaboration vichyssoise

Pour le Maréchal Pétain, la défaite provient d’une dégénérescence morale de la société. La thématique vichyste du retour à l’ordre et à la morale est dans le prolongement des discours de l’extrême droite maurassienne, conservatrice et catholique, qui est pour le retour à l’ordre et le rétablissement des hiérarchies naturelles, c’est-à-dire la soumission des femmes à l’autorité patriarcale.
Si les Juifs, les étrangers, les partis de gauche sont responsables, les femmes sont également considérées comme coupables et victimes de la dégénérescence ; en cela, elles occupent une place spécifique.
On leur reproche leur prétention à l’égalité des sexes, la quête du plaisir et leur frivolité, qui les auraient éloignées de leur rôle de mère et d’épouse. On stigmatise même certaines apparences : port du pantalon, cheveux courts ou platinés, maquillage excessif, consommation de tabac, et on les accuse de s’être éloignées de leur fonction biologique de reproduction, cause principale de la baisse démographique. Pour Vichy, tout ce qui éloigne les femmes de la maternité est contre-nature, immoral et contre la Patrie.
André Courthis, en octobre 1941, écrit dans un article du journal Candide : "La femme française porte aujourd’hui dans la défaite de la France sa part, lourde part, de responsabilité. Les hommes nouveaux l’ont compris. Les lois nouvelles autant que sages sont sévères. Elles freinent le déchaînement de l’avidité féminine, restreignent pour les jeunes filles l’accès aux carrières libérales, facilitent au contraire d’une façon qui équivaut à l’imposer le retour ou le maintien de la femme au foyer".
Les femmes sont dans l’incapacité d’exercer leur libre arbitre, coupables et responsables, c’est à la société de leur assigner une place. Si on les met quelque peu à l’honneur avec de l’argent et des médailles, c’est en tant que mères de familles nombreuses.
Les lois se radicalisent pour les maintenir étroitement dans les liens de dépendance sociaux, familiaux et conjugaux. Durcissement des conditions de divorce : l’abandon du foyer devient une faute pénale et non plus civile ; interdiction d’embauche des femmes mariées ; qualification de l’avortement comme crime contre la sûreté de l’État et possibilité pour le Ministère Public d’engager des poursuites pour adultère à l’encontre des épouses de prisonniers de guerre.
Peut-on imaginer qu’il n’y ait pas de jeunes femmes indignées qui réagissent contre ce mépris et ce manque de liberté ?
Mais comme il est difficile pour les lesbiennes de vivre en cette période, il faut qu’elles dissimulent et qu’elles soient très prudentes. Gare à la délation et aux lettres de dénonciation, qui risquent du jour au lendemain de vous envoyer en camp de concentration !
Point n’est besoin de donner de raisons autres que : "Ce sont deux femmes, elles vivent seules, elles ont un comportement bizarre, on ne sait pas ce qu’elles font". Ou bien : "On l’a vu sortir le soir tard et rentrer à l’aurore, on est sûrs qu’elle fricote avec les Partisans".
Ceux qui procèdent aux arrestations opèrent de façon arbitraire, point n’est besoin d’un article de loi pour qu’ils agissent comme bon leur semble.
Dans son allocution radiophonique du 30 octobre 1940, Pétain déclare : "J’entre dans la collaboration". Laval, collaborationniste de la première heure, désirait la victoire allemande définitive et voulait que la France devienne la partenaire privilégiée de Hitler.
Pour démontrer sa bonne volonté, le régime de Vichy non seulement accepte les exigences du régime nazi, mais il anticipe fréquemment et surenchérit sur les demandes allemandes.
En janvier 1943, Laval prend la tête de la Milice française, organisation collaborationniste très violente et jusqu’au-boutiste, supplétive de la Gestapo. Le véritable chef sur le terrain est Joseph Darnand, son fondateur, aux ordres de l’occupant.
Sous le régime de Vichy comme dans le reste de la France, la collaboration est de tous ordres, politique, policière, économique, militaire et privée, sans oublier la presse et la radio.
Les structures nationales ou les groupuscules régionalistes collaborationnistes sont multiples, les motivations et les actions ne sont pas unitaires, seules la haine et la violence en sont le ciment.
À la faveur de cette période chaotique, où la véracité des engagements n’est pas toujours contrôlable, il se commet des actes dont on ne peut éclairer les réelles motivations. Ainsi sont victimes Crista Winsloe et Simone Genet.
Crista Winsloe (1888-1944), écrivaine et sculptrice germano-hongroise, est lesbienne et ne s’en cache pas. Elle réside en France pendant la guerre et sert dans la Résistance. Dans la maison qu’elle partage avec sa compagne, l’écrivaine suisse Simone Genet, elle cache des clandestins. En juin 1944, quatre Français abattent les deux femmes dans une forêt près de Cluny. Le chef du commando prétend agir sur ordre de la Résistance sous prétexte qu’elles espionnent pour le compte des Allemands. Or l’antinazisme de Crista Winsloe est connue alors comment expliquer ces deux meurtres ? Le chef du commando et ses trois complices, bien qu’ils soient des criminels de droit commun, sont acquittés faute de preuves.
Les pistes se brouillent, les témoignages ne sont pas fiables et l’indifférence est toujours de mise lorsqu’il est question d’homosexualité féminine.